À la Cnaf, construire son plan QVT en collaboration avec une université
La rubrique #PréparerDemain raconte comment la Sécurité sociale dynamise sa politique employeur. Au programme : un bilan de la crise sanitaire et des perspectives pour l'avenir !
Entre juin 2020 et novembre 2021, la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf) a lancé une grande enquête nationale auprès de ses salariés avec la chaire « Management et Santé au Travail » de l’Université Grenoble-Alpes.
Pia Moulin-Seurre, DRH Réseau à la Cnaf, et Fatima Taalba, chef de projet RH, racontent comment cette enquête menée en trois phases a permis de réaliser un travail de fond sur l’impact du confinement, tout en alimentant le plan Qualité de Vie au Travail (QVT) de la branche.
Pourquoi avoir lancé cette grande enquête nationale ?
PMS : Face au caractère sans précédent du confinement, nous avons d’abord trouvé pertinent de pouvoir disposer d’éléments à grande échelle sur les impacts du télétravail. Puis, la crise sanitaire s’est prolongée, et nous avons décidé de poursuivre l’étude. Cette fois, nous avons voulu savoir comment les collaborateurs vivent l’apparition de nouveaux modes d’organisation du travail, entre télétravail et management hybride. Sur les trois périodes de l’étude, près de 20 000 salariés ont répondu, 70 Caf ont participé, et 57 Caf ont demandé un rapport individuel. C’est un très bon taux de participation, d’autant plus qu’il faut une bonne vingtaine de minutes pour répondre au questionnaire.
"Les chercheurs ont une vraie démarche intellectuelle et scientifique de recherche et d’analyse."
Le fait de collaborer avec une université a-t-il été une plus-value ?
PMS : Tout à fait. Les chercheurs ont une vraie démarche intellectuelle et scientifique de recherche et d’analyse. Ce sont des gens rompus à l’exercice, qui ont des moyens humains et techniques pour aller sur le terrain.
FT : Nous avons un partenariat de longue date avec la chaire « Management et Santé au Travail » de Grenoble. Quand nous avons bâti le plan QVT de la branche, nous nous sommes appuyés sur la modélisation SLAC (ndlr : Sens Lien Activité Confort), développée par Emmanuel Abord de Chatillon, le titulaire de cette chaire, et Damien Richard, enseignant-chercheur. Avec leur aide, nous avons conduit des autodiagnostics QVT dans chaque organisme sous le pilotage d’un groupe de directeurs.
Quels ont été les grands constats de l’enquête ?
PMS : L’enquête a été la pierre angulaire pour entamer une démarche de transformation managériale, elle a permis de disposer d’informations très riches et précises sur le public des managers. L’un des autres enseignements intéressants est que les salariés ont apprécié travailler en autonomie, avec un moindre sentiment de contrôle.
Comment ces résultats ont-ils été exploités ?
FT : Nous avons surtout mené des actions de formation, revu les plans d’action QVT pour cibler les actions prioritaires. Il y avait une forte attente sur le travail collaboratif. Nous avons notamment diffusé une méthodologie pour aider les Caf à former les manager à l’animation d’un espace de discussion pour échanger sur les difficultés que l’on peut rencontrer, trouver les solutions, et rendre ainsi le salarié acteur de son travail tout en remobilisant les équipes. Des formations ont été mise en place à destination des managers pour faire face au management hybride
Nous avons aussi développé des actions de soutien pour les 25 % de salariés qui expriment un mal être. Sur la question de la gestion des incivilités, nous avons mis en place une offre de service pour comprendre ce qui se joue dans ce type de relation et mieux adapter sa posture professionnelle. Nous nous sommes aussi servi des résultats pour remettre à jour pour le Document Unique d'Evaluation des Risques Professionnels (DUERP) afin d’y inclure les risques psychosociaux identifiés.
Comment les organismes locaux ont-ils été associés ?
PMS : Tout l’intérêt de ce partenariat réside dans le fait que chaque organisme a pu avoir un rapport personnalisé avec une restitution en Codir ou en Codir élargi. Certains organismes ont mené un travail plus approfondi : par exemple la Caf des Hautes-Pyrénées a mis en place des actions de formation adaptées à ses résultats pour les managers et les salariés.
FT : La chaire est allée expérimenter sur le terrain et a accompagné des organismes pour sensibiliser à la démarche QVT. Elle a aussi aidé à la conduite d’actions spécifiques, comme la mise en place de comité de suivi ou des actions sur la charge mentale.