S’aider des neurosciences pour réussir le changement

Découvrez 4 conseils inspirés des neurosciences pour enrichir vos pratiques managériales

 

Les organisations mènent sans relâche des projets de transformation complexes dans des environnements mouvants.
Les organismes de Sécurité sociale ne font pas exception à cette tendance. Ces transformations nécessitent de faire évoluer la culture d’entreprise, les compétences des collaborateurs ou encore les modalités de travail.

 

Les managers ont un rôle crucial pour porter ces changements, les accompagner, et s’adapter eux-mêmes aux différentes évolutions. Ils doivent faire preuve de souplesse et d’agilité, ce qui n’a rien de simple.

 

C’est la raison pour laquelle l’adaptabilité et l’accompagnement des changements font partie des compétences clés parmi les Repères managériaux identifiés à la Sécurité sociale.

Même si les pratiques de conduite du changement sont de plus en plus robustes, bien des projets échouent encore et même chez les meilleurs. Prenons l’exemple d’un responsable de la comptabilité d’un site industriel qui avait mis en place un système intégré de facturation : la saisie des factures était incontestablement plus rapide et plus fiable. Pourtant, dès les premiers jours, la saisie des factures a accusé un retard considérable. Et pour cause : le responsable s’est aperçu que ses collaborateurs continuaient de noter dans un cahier toutes les données saisies !

 

Quand on comprend mieux le fonctionnement de notre cerveau, qui aime les habitudes et cherche constamment à développer des automatismes pour économiser ses ressources, on saisit mieux ce type de déconvenues. 

Voici quatre conseils issus des neurosciences afin de tirer parti du fonctionnement du cerveau dans la conduite du changement :
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1. Se concentrer sur les prochaines étapes

Parmi les bonnes pratiques du changement, on suggère souvent de définir le but final visé. Quoi de plus motivant, en théorie, que la visualisation d’une organisation qui favorise la coopération, ou d’un parcours client fluide, ou encore d’une vie sportive et sans cigarettes ? En réalité, visualiser l’objectif final n’aide pas à passer à l’action. Il est bien plus productif de focaliser son attention sur les prochaines étapes à franchir et les obstacles à lever.

En effet, visualiser les comportements à mettre en œuvre ou la façon dont on va surmonter les obstacles active les mêmes circuits neuronaux que leur mise en pratique réelle, et permet à chacun de « répéter » les comportements attendus. Ainsi, en conduite de projet, donner du sens en expliquant l’objectif final est certes indispensable, mais c’est en parlant des premiers jalons et des défis à venir que l’on mobilisera le plus efficacement les énergies.
 

2. Influencer grâce aux neurones miroirs

Les neurones miroirs ont été découverts fortuitement dans les années 1990 au cours de différentes expériences. En effet, au cours de l’une d’entre elle, des chercheurs ont constaté que les neurones activés au niveau du cerveau étaient les mêmes chez le sujet qui réalisait une action (en l'occurrence tendre la main vers un objet) que chez le sujet qui observait l'autre réaliser l'action, bien qu'il ne bouge pas lui-même..

Ce phénomène ouvre des perspectives intéressantes dans la conduite du changement. Lorsque vos collaborateurs vous voient agir d’une certaine façon, leur cerveau active les mêmes circuits neuronaux que vous. Ils sont donc davantage enclins à reproduire votre comportement.

Pour renforcer cet effet, appuyez-vous sur les ambassadeurs du changement, ces personnes favorables au changement qui en adoptent rapidement les principes. Idéalement, placez-les au cœur de l’espace de travail pour qu’ils puissent être visibles du plus grand nombre : on a montré que le niveau de performance d’une équipe augmente lorsque le « top performer » est physiquement au milieu de l’équipe, grâce à ce phénomène de mimétisme.
 

3. Créer de bonnes habitudes

Une fois l’enthousiasme de la nouveauté passé, il est difficile d’ancrer le changement dans la durée. C’est lié au fonctionnement de notre cerveau : il a un penchant pour la familiarité et la routine, et croit nous faire une fleur en cherchant à économiser notre énergie. Il préfère ainsi réutiliser les circuits neuronaux précédemment installés, même si ces habitudes ne sont plus pertinentes. Plus ces circuits neuronaux sont activés, plus ils grossissent, tandis que ceux qui sont plus rarement activés s’affaiblissent. Pour autant, ils ne disparaissent pas et restent prêts à être réactivés : c’est ce qui rend si difficile de supprimer une ancienne habitude.

Néanmoins, avec du temps et une pratique régulière des nouveaux comportements, les nouveaux circuits neuronaux se renforcent tandis que les anciens s’estompent. Par facilité, le cerveau choisira alors les nouveaux circuits. Il est alors crucial de ne pas permettre aux anciennes habitudes de se réactiver ! Tout comme il suffit d’une cigarette pour qu’un ancien fumeur retombe dans son addiction, lorsqu’on introduit un nouvel outil ou un nouveau processus, il faut, dès le premier jour, éviter de continuer à utiliser en parallèle les anciens systèmes ou les anciens comportements.

4. Tirer parti de notre capacité d’apprentissage

Pendant longtemps, on a pensé que le développement du cerveau était figé à l’âge adulte. Une étude du cerveau des chauffeurs de taxi londoniens a montré qu’il n’en est rien. Notre cerveau est capable de se remodeler, de s’adapter et de créer de nouvelles connexions tout au long de la vie. Ainsi, l’hippocampe postérieur des chauffeurs de taxi londoniens a grossi pendant les 3 à 4 ans de formation qu’ils sont tenus de suivre pour apprendre par cœur le plan de la ville et les itinéraires possibles, alors que celui des chauffeurs de bus, qui suivent un itinéraire fixe, n’a pas changé.
C’est une bonne nouvelle, parce que les réorganisations, l’évolution des métiers et technologies et autres changements permanents obligent sans cesse à apprendre de nouvelles compétences.

Voici quatre leviers identifiés par les neurosciences pour optimiser l’apprentissage :

  • Utiliser le lien social : favoriser des groupes de pairs et d’échange de pratiques, privilégier les formations en petits groupes, favoriser les initiatives de mentoring ;
  • Favoriser un climat positif : travailler les points forts plus que les lacunes, mettre une musique que l’on aime ;
  • Soigner son hygiène de vie : bouger, bien dormir, méditer ;
  • Privilégier la nouveauté : changer d’environnement d’apprentissage, commencer par ce qu’on ne connaît pas.

Article rédigé par Manageris