Méditation en entreprise : L'assurance maladie pionnière via le réseau des DRSM
Comment aider les collaborateurs à mieux réguler leurs émotions dans un contexte professionnel ? La pratique de la méditation est l’une des réponses. Voilà pourquoi l’Assurance Maladie propose depuis peu aux agents des Directions régionales du service médical (DRSM) un programme d’entrainement attentionnel.
Mikaël Dumas, Responsable de l’animation autour des sujets de responsabilité sociale interne et notamment de qualité de vie et des conditions de travail au sein de la DRH des réseaux de la CNAM, nous explique le sens de cette initiative..
D’où vient cette idée d’introduire la méditation en entreprise ?
En ce qui me concerne, c’est d’abord une passion. Je pratiquais à titre personnel : J’ai suivi un programme MBSR (régulation du stress par la méditation de pleine conscience) en 8 semaines puis me suis formé sur 2 ans pour devenir instructeur de ce programme. Je me suis vite rendu compte que cela facilitait aussi mes relations professionnelles. Cela m’a permis de clarifier ce qui était important pour moi dans mon travail, d’être moins crispé sur mes habitudes et mes croyances, et surtout d’être plus attentif aux autres. J’y ai vu un bénéfice clair en termes de régulation de mes émotions, et c’est pour cela que j’ai commencé à proposer cette pratique dans mon cadre professionnel.
Pour autant ce n’est pas une solution magique. Il s’agit de ressources qu’il faut exercer, et qui sont individuelles. Or le déterminant essentiel de notre qualité de vie au travail est l’organisation collective ainsi que les conditions réelles de travail. Si un environnement de travail est maltraitant ou du moins facteur d’insécurité, d’inquiétudes, ce n’est pas la méditation qui va résoudre tous ces problèmes. C’est simplement un outil supplémentaire, qui peut notamment s’inscrire dans les dispositifs favorisant la santé mentale
Comment avez-vous commencé à mettre cela en place ?
Déjà en 2019, lorsque j’étais sous-directeur d’une DRSM, j’avais proposé à une dizaine d’agents de direction de mon réseau de prendre une demi-journée pour découvrir les pratiques attentionnelles. Même si tous ne voyaient pas forcément de rapport direct avec la vie professionnelle, il y avait un enthousiasme, une curiosité. J’ai alors proposé à mes homologues de prendre quelques minutes, en début de réunion, pour un temps de méditation. L’idée a fait son chemin.
Aujourd’hui, cela renvoie directement à notre schéma directeur des Ressources humaines au sein de l’Assurance Maladie, qui inclus un objectif dédié à la promotion des outils individuels de régulation du stress pour les collaborateurs. C’est dans ce cadre que j’ai proposé en 2023 à l’ensemble des DRSM de déployer un programme de méditation. La moitié d’entre elles se sont portées volontaires, et nous avons déjà près de 200 collaborateurs de tous profils intéressés, du technicien au médecin conseil.
En quoi consiste précisément ce programme ?
Il s’agit d’un programme nommé Workwise, destiné spécifiquement aux organisations. En tant qu’instructeur mindfulness certifié, c’est moi qui l’anime auprès des collaborateurs, par groupes d’une vingtaine de personnes en visio. Normalement cela se pratique en 8 séances de 1h45 environ, sur 8 semaines, avec de petits exercices à pratiquer entre chaque séance à partir d’une application dédiée de e-learning. Néanmoins, pour simplifier l’organisation et m’adapter aux contraintes des participants je l’ai condensé sur 4 séances hebdomadaires plus longues.
Chacun des modules explore une thématique. On commence par l’entrainement attentionnel, pour aller vers la régulation des émotions, le développement de la résilience ou les relations aux autres. Il y a des exercices de méditation, mais aussi beaucoup d’écoute active à deux : chacun partage son expérience et l’autre est invité à accueillir ce témoignage en silence, sans juger. C’est intéressant notamment pour les managers d’entrainer leur écoute et de savoir accueillir un collaborateur qui expose un problème, pour prendre le temps de comprendre sans vouloir réagir ou proposer une solution immédiatement.
Quels sont les premiers retours ?
Sur les deux programmes déjà terminés (43 participants), les retours sont très positifs. Plus des deux tiers des collaborateurs déclarent que le programme les a aidés à améliorer leur capacité attentionnelle, à réguler leur stress et à améliorer leurs relations aux autres.
Cela demande toutefois un entrainement quotidien, car la méditation de pleine conscience est d’abord un entrainement de l’attention. Ce sont des moments de pause qui permettent d’élargir son champ attentionnel, de mieux accueillir ce qui se présente, de sortir de ses ruminations, de ne pas focaliser uniquement sur le négatif. Cela permet d’acquérir une certaine distance, de sortir du cadre, voire de penser contre soi-même, et de se décoller des scénarios que l’on se raconte sur les situations que nous traversons (on parle de défusion cognitive). C’est une forme d’hygiène mentale.
En parallèle des prochaines sessions, j‘envisage de proposer un rendez-vous mensuel sur Zoom pour ancrer les bénéfices sur le long terme. Dans l’immédiat, je vais faire un premier retour lors du comité RH de l’Assurance Maladie dans la perspective de proposer une offre de service DRHR formalisée. Et qui sait, d’élargir à terme la proposition aux autres branches via le dispositif Cap’m d’ici 2025 ?