« Pas besoin d’être parfaite pour être dirigeante, osez ! »

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Edwige Rivoire est Directrice des Ugecam Centre et Auvergne-Limousin-Poitou-Charente. Entrée à la Sécurité sociale en 1997, elle a contruit son parcours en osant régulièrement changer de branche et de métier. Pour #Leaddersauféminin, une nouvelle rubrique sur les femmes dirigeantes à la Sécurité sociale, elle revient sur son expérience et donne des conseils aux femmes de l’institution qui pourraient se questionner sur leur carrière.

Comment êtes-vous entrée à la Sécurité sociale ?

ER : Après mes études à Sciences Po Grenoble, je suis entrée à l’EN3S. Nous étions alors en plein dans les ordonnances Juppé ! Puis en 1997, j’ai occupé mes premières fonctions à la CPAM de Nevers. J’ai ensuite mis un certain temps avant d’arriver à des fonctions de pleine direction. Je suis devenue agent de Direction en 2000, et j’ai eu ensuite un parcours diversifié dans lequel j’ai exercé des métiers très différents, dans plusieurs branches et au sein d’organismes de tailles variées. J’ai été Directrice financière à la Caf de Loir-et-Cher, sous-directrice gestion du risque puis DRH à la CPAM d’Indre-et-Loire ou encore directrice des risques professionnels et de l’informatique à la Carsat d’Orléans… Et depuis cinq ans, je dirige deux Ugecam.

« Peu mobile géographiquement, j’ai choisi de saisir des opportunités, sans me limiter aux secteurs ou branches déjà connus »

Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir dirigeante ?

ER : Je n’avais pas de projet de carrière à proprement parler. En revanche, j’ai toujours eu pour objectif de me renouveler régulièrement, tout en conciliant mes vies professionnelles et personnelles. Peu mobile géographiquement, j’ai choisi de saisir des opportunités, sans me limiter aux secteurs ou branches déjà connus. Cela m’a permis de continuer à cultiver une logique d’apprentissage, de travailler avec des équipes aux modes de fonctionnement différents, tout en restant dans un monde Sécu dont les valeurs me correspondent. 

J’ai aussi eu la chance d’obtenir la confiance de directeurs et directrices qui m’ont suivi dans mon projet ou qui m’ont proposé des missions ou attributions nouvelles. Au moment de postuler à la direction de l’Ugecam, j’ai été très encouragée par mon ancienne Directrice. Sans ses encouragements et son soutien, je ne sais pas si j’aurais sauté le pas… C’était un double challenge : devenir DG et prendre la tête d’une Ugecam qui rencontrait de grandes difficultés.

Et quel bilan faites-vous de cette opportunité ?

ER : Les Ugecam sont un peu méconnues et on ne perçoit pas forcément le renouvellement qu’elles peuvent apporter dans une carrière. Les missions sont très concrètes, avec une gestion d’établissements ouverts 24h/24, 365 jours par an. Nous disposons d’une très grande liberté de stratégie et d’action, avec une importance majeure des partenariats et la possiblité d’inventer avec les équipes, c’est très plaisant. Le contact direct avec le terrain est vraiment très enthousiasmant : on rencontre souvent nos bénéficiaires, qui sont à la fois vulnérables et pleins de force et de résilience ; cela donne beaucoup de sens pour soi et pour les équipes, qui sont aussi assez extraordinaires. Elles ont un sens du métier et de l’attention à l’autre vraiment remarquables ; c’est très gratifiant de travailler avec ces professionnels. 

« Mes conseils ? Oser sortir des sentiers battus, oser se positionner aussi, ne pas être dans la sur-exigence. »

Quel message avez-vous envie de partager avec des femmes, voire avec n’importe quel dirigeant ou futur dirigeant, qui réfléchissent à leur carrière ?

ER : Je dirais qu’il faut oser sortir des sentiers battus, notamment au niveau des domaines d’activités, car on construit ainsi des atouts qui serviront ensuite : un dirigeant a besoin d’être « tout terrain », il est confronté à plein de problématiques différentes. Le fait d’avoir été directrice comptable et financière m’a par exemple beaucoup aidé dans mon poste actuel, lorsqu’il a fallu définir une stratégie de redressement économique d’Ugecam en grandes difficultés financières.

Il faut aussi oser concilier vie pro et perso sans avoir de complexes : je pense qu’on a la chance à la Sécurité sociale d’être dans un monde professionnel égalitaire et bienveillant quand on a des enfants. Oser se positionner aussi, ne pas être dans la sur-exigence. Il n’y a pas besoin d’être parfaite pour être dirigeante, il faut avant tout de l’envie. Certes, on porte des responsabilités, mais on n’est pas seule et diriger est passionnant. 

Qu’est-ce que #Leaddersauféminin vous inspire ?

ER : C’est une bonne chose d’encourager les jeunes professionnelles à avoir des ambitions et à oser autant que leur homologues masculins se projeter sur des postes de dirigeants. Il me semble que les jeunes femmes ont souvent plus de doutes, qu’elles estiment que si elles font du bon travail, la reconnaissance viendra, alors que leur homologues masculins se posent moins la question et prennent plus l’initiative de se positionner ou de candidater. Je crois que nous avons collectivement à prêter attention à ces différences et à encourager les jeunes professionnelles compétentes à être plus confiantes en leurs capacités et plus ambitieuses.

 

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