Santé mentale et handicap psychique : Découvrez l’engagement des organismes de la région AURA
Ondes solidaires est le nouveau podcast de la Sécurité sociale qui donne la parole aux salariés en région pour une société plus inclusive.
À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, le premier épisode d’Ondes solidaires s’installe en Auvergne-Rhône-Alpes avec l’Urssaf Auvergne, la Carsat Rhône-Alpes, la CAF de l’Allier et l’Urssaf Rhône-Alpes, pour mettre en lumière la grande cause nationale 2025.
Les organismes partagent des initiatives concrètes mises en œuvre pour le bien-être psychique et l’inclusion au travail, en lien avec la politique handicap institutionnelle.
Avec la participation de :
- Régis Bossez, Directeur régional adjoint de l’Urssaf Auvergne, sur la lutte contre l’épuisement professionnel et le harcèlement moral ;
- Flora Delobel, assistante sociale à la Carsat Rhône-Alpes, sur l’équipe pluridisciplinaire dédiée à la santé mentale et la cellule handicap ;
- Stéphanie Puzin, responsable RH et référente handicap à la CAF de l’Allier, présentant la formation PSSM (Premiers Secours en Santé Mentale) ;
- Vincent Charazac, psychologue à l’Urssaf Rhône-Alpes, sur l’accompagnement des managers et la prise en charge post-traumatique des salariés.
- Élodie Rousset, Consultante RH et Référente Santé, Diversité, QVCT, Urssaf Caisse nationale et Référente Territoriale Handicap, AURA
L’épisode a été construit en collaboration avec Sabrina Malet, Cadre technique RH – Pôle Santé au Travail et Handicap (Urssaf Auvergne) et Référente Territoriale Handicap AURA, et animé par Magali Rochereau.
Découvrez le tout premier épisode d’Ondes solidaires dès le 10 octobre,
à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale.
Introduction de Magali
Bienvenue dans ondes solidaires, le podcast de la Sécurité sociale qui donne la parole aux salariés en région pour une société plus inclusive.
Ondes Solidaire arrive en région Auvergne Rhône-Alpes en compagnie de l'URSSAF Auvergne, la CARSAT Rhône-Alpes, la CAF de l'Allier et l'URSSAF Rhône-Alpes. Cet épisode est dédié à la santé mentale, grande cause nationale 2025 qui est, selon l'Organisation mondiale de la Santé, l'état de bien être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté.
Nous allons avoir la chance d'écouter cinq collaborateurs représentatifs par leur poste et par leur organisme.
Pour introduire ce grand sujet de la santé mentale, j'accueille Elodie Rousset. Bonjour, vous êtes une référente territoriale handicap, vous animez le réseau pour la région Auvergne Rhône Alpes. Alors en premier lieu, rappelez-nous selon vous ce que c’est une référente territoriale handicap.
Intervention Elodie
Bonjour Magali et merci. Effectivement, aujourd'hui, nous allons mettre en lumière un réseau exceptionnel qui œuvrent sans relâche pour l'inclusion et le soutien des personnes en situation de handicap sous l'impulsion de la Mission handicap nationale.
Nous animons un réseau de 40 référents handicap locaux, répartis dans l'ensemble des organismes de Sécurité sociale sur la région Auvergne Rhône-Alpes, soit les douze départements.
En binôme Avec Sabrina Malet, on a quatre missions principales :
- On organise des échanges de pratique quatre fois par an.
- On relaie les informations et les outils de la Mission handicap nationale.
- On valorise leurs actions locales, notamment via la news handicap.
- Et enfin, nous sommes toujours disponibles pour les soutenir, les accompagner tout au long de leur activité professionnelle.
On a vraiment une réelle chance d'animer un réseau très dynamique et nous souhaitons aujourd'hui valoriser leurs actions en lien avec la grande cause nationale 2025.
Question Magali
Alors justement, pourquoi cette cause nationale de la santé mentale ?
Réponse Elodie
Parce que près d'un Français sur cinq est touché par des troubles psychiques chaque année, soit l'équivalent de la population de Paris. Mais on est en Auvergne Rhône-Alpes. Donc en fait, c'est l'équivalent des villes de Lyon, de Grenoble, de Saint-Etienne, de Clermont-Ferrand et d'Annecy. Et on a 75 % des troubles psychiques qui se déclenchent avant l'âge de 24 ans.
C'est important d'agir. Ces chiffres sont vraiment alarmants. Ils montrent l'importance d'une prévention et d'un soutien en matière de santé mentale et en tant qu’enjeu de santé publique majeur qui a un impact socioéconomique, les organismes de Sécurité sociale aujourd'hui se sont déjà emparés de ce sujet pour faire de la prévention en interne et en externe.
Question Magali
Alors justement, parlez-nous des initiatives déjà portées en Auvergne Rhône-Alpes par la Sécurité sociale pour cette cause.
Réponse Elodie
De nombreuses initiatives Magali sont déjà portées, mais même plus largement que la région Auvergne Rhône Alpes puisque c'est au titre de la Sécurité sociale, pour ne citer que quelques exemples : l’ensemble des 150 000 salariés de la Sécurité sociale en France ont accès à une cellule d'écoute psychologique. Un numéro vert accessible 24 h sur 24 et sept jours sur sept, pour les soutenir à tout moment.
On propose également des programmes de sensibilisation au handicap psychique pour mieux comprendre et intégrer ces réalités dans le quotidien des salariés. On a également un dispositif qui s'appelle Allo Alex pour accompagner les salariés qui souffrent de maladies longues, des maladies chroniques, mais aussi pour soutenir leur manager et les équipes RH. Mais c'est que quelques exemples parmi tant d'autres.
Et aujourd'hui, on va mettre en lumière les initiatives inspirantes et innovantes de quatre organismes de la Sécurité sociale de notre région. Vous allez découvrir comment ils innovent pour agir sur la santé mentale de leurs salariés.
Transition pour intervention Régis
Merci beaucoup, Elodie Rousset, alors restez avec nous pour entendre ces témoignages poignants et les actions concrètes des organismes de la Sécurité sociale qui font la différence.
Ensemble, faisons de la santé mentale une priorité.
Régis Bossez, vous êtes directeur des ressources humaines de l'URSSAF Auvergne. Est-ce que vous vous sentez responsable de la santé mentale de vos collaborateurs ?
Intervention Régis
Assurément oui. Et c'est avec enthousiasme et conviction que je prends la parole sur ce sujet aujourd'hui. Il est de notre devoir collectif de sensibiliser, d'agir et de proposer des solutions concrètes pour soutenir les individus touchés par des problématiques telles que l'épuisement professionnel et le harcèlement moral au travail.
En tant qu'organisme de Sécurité sociale, nous avons une responsabilité sociale dans le sens où nous devons assumer, nous assurer que chaque collaborateur se sente écouté, protégé et soutenu dans son environnement de travail. La santé mentale fait partie intégrante de nos engagements en matière de qualité de vie. Cette thématique y a été érigée grande cause nationale pour 2025. Nous souhaitons la mettre encore plus à l'honneur.
Question Magali
Alors, qu'avez-vous mis en place à l'URSSAF Auvergne ?
Intervention Régis
Dans un premier temps, nous allons proposer à nos managers de suivre une sensibilisation sur ces enjeux de santé mentale en utilisant une méthode pédagogique innovante s'appuyant sur des casques de réalité virtuelle. Notre partenaire est l'Institut de formation 4.10 qui accompagne les personnels de la Sécurité sociale dans le développement de leurs compétences.
Nous avons ainsi choisi de suivre les deux modules suivants de prévention : celui sur l'épuisement professionnel d'une part et celui sur le harcèlement moral d'autre part.
Question Magali
Régis Bossez comment est-ce que vous définiriez l'épuisement professionnel ?
Intervention Régis
Nous observons de plus en plus dans notre société et dans les entreprises, l'impact de l'épuisement professionnel. Un fléau qui touche non seulement à la santé mentale des individus, mais aussi la productivité des équipes. Ce phénomène, souvent invisible, commence par un sentiment de stress, de surmenage et peut mener à un véritable effondrement psychologique.
Il est donc essentiel de pouvoir identifier au plus tôt les signaux avant-coureurs et fournir des ressources adaptées.
Question Magali
Par exemple ?
Intervention Régis
Et bien, par exemple, apprendre à déconnecter, adopter de bonnes pratiques avec les outils numériques, en finir avec l'infobésité et la sur sollicitation numérique, c'est l'ambition de la direction avec la mobilisation de notre service ressources humaines.
Concrètement et consécutivement à la crise COVID, Il avait été identifié collectivement comme prioritaire au sein du réseau des URSSAF, la nécessité de se mobiliser sur le droit à la déconnexion. A titre d'exemple, l'ensemble de notre personnel a été sensibilisé sur cet enjeu avec la diffusion d'un guide des bonnes pratiques au quotidien, conçu par un groupe pluridisciplinaire animé par notre Caisse national. Pour approfondir cette démarche en qualité d'employeurs mobilisés pour préserver la santé mentale de nos équipes, nous souhaitons désormais utiliser de nouveaux outils digitaux interactifs pour poursuivre ces actions de formation. Notre choix s'est donc porté sur une offre de modules de formation intitulée « L'engrenage prévenir l'épuisement professionnel ». Il s'agira de définir le harcèlement moral, d'identifier les premiers signes d'un management toxique, de savoir désamorcer et éviter les situations problématiques, de pouvoir connaître la loi, les sanctions liées au harcèlement moral et d'apprendre aussi à accueillir la parole d'un collaborateur pour mieux l’accompagner.
Question Magali
En quoi cette approche est innovante ? Expliquez-nous.
Intervention Régis
La réalité virtuelle permet non seulement de simuler des cas concrets, le harcèlement moral et l'épuisement professionnel, mais aussi d'inviter les collaborateurs à se mettre dans la peau de ceux qui vivent ces situations. Cette immersion a un pouvoir d'impact beaucoup plus fort qu'une simple présentation théorique.
Question Magali
En quoi la démarche que vous venez nous décrire fait sens pour vous ?
Intervention Régis
Nous croyons profondément que cette méthode novatrice représente un tournant dans la manière dont nous abordons la santé mentale au travail. Ce n'est pas qu'une question de formation, de prévention, c'est une question d'humanité, de respect et de solidarité entre nous tous. Nous avons donc, chacun et toutes, un rôle à jouer dans la construction d'un environnement de travail sain, respectueux et inclusif.
Que l'on soit employeur, en étroite concertation avec les élus du personnel ou salariés, il est de l'intérêt de tous de veiller et maintenir à développer le bienêtre au travail pour qu'un santé mentale ne soit pas non seulement respectée, mais également protégée. Plus largement, c'est aussi un enjeu global, sociétal.
Transition pour intervention Flora
Merci Régis de Bosser. C'est le moment de parler de l'équipe spécialisée qui intervient en faveur de la bonne santé mentale des collaborateurs ainsi que de la cellule handicap.
Alors Flora Delobel, vous êtes assistante sociale du personnel et référente handicap. Quand on parle de santé physique, on voit bien ce qu'on veut dire. On a plusieurs professionnels de santé qui viennent en tête. Mais alors quand on parle de santé mentale à la CARSAT de Rhône-Alpes, est ce que pouvez nous détailler qui fait partie de l'équipe s'il vous plaît ?
Intervention Flora
Bien sûr, il faut savoir que la particularité de la CARSAT Rhône-Alpes est d'avoir plusieurs équipes qui interviennent dans le champ de la santé mentale. Tout d'abord, nous avons un service de prévention et de santé au travail qui est donc pluridisciplinaire, constitué de médecins, d'infirmiers, d'une chargée de mission handicap, un psychologue de travail et une assistante sociale du personnel.
Par ailleurs, la CARSAT s'est dotée depuis plusieurs années d'une mission handicap dans laquelle se retrouve une chargée de communication, le psychologue, la chargée de mission handicap et l'assistante sociale du personnel. Ces différents métiers permettent d'allier plusieurs compétences, notamment en communication, ce qui est très important pour toucher le plus grand nombre de salariés et mettre en avant les actions et les ressources disponibles au sein de la CARSAT.
Question Magali
Quel est le rôle du psychologue du travail ?
Intervention Flora
Le psychologue en entreprise intervient au sein de la CARSAT Rhône-Alpes pour accompagner les salariés lorsqu'ils traversent des périodes difficiles. Donc ça peut être lié à une charge de travail, un conflit interpersonnel, une perte de sens ou encore un événement personnel qui vient impacter le quotidien et notamment le quotidien professionnel. Son rôle est d'offrir un espace d'écoute confidentiel, bienveillant, où chacun peut exprimer ce qu'il vit sans jugement.
Ces consultations permettent de prévenir la souffrance, d'éviter que la situation ne s'aggrave et de retrouver un équilibre. Au-delà de l'accompagnement individuel. Le psychologue en entreprise propose des formations, notamment sur la gestion des émotions, sur la résilience. Parce qu'évidemment, comprendre ces émotions, savoir les réguler, c'est essentiel pour préserver sa santé mentale et notamment au travail.
Question Magali
Si on continue notre tour d'horizon, expliquez-nous quel est le rôle de l'assistante sociale du personnel.
Intervention Flora
L'assistante sociale du personnel, qui agit sur les plans personnel et professionnel participe à la bonne santé mentale des salariés par une approche d'écoute active, bienveillante, un diagnostic des difficultés et d'orientation vers une solution qui serait la plus adaptée et individuelle à chacun.
Elle crée une relation de confiance également. C'est un espace de parole totalement confidentiel. Les salariés qui le souhaitent peuvent alors évoquer des sujets qui les préoccupent et qui peuvent dégrader leur santé mentale. Par exemple, des difficultés relationnelles au sein de leur famille, une situation d’aidance, une situation de violences conjugales. Donc évidemment, ces situations rencontrées par les salariés et qui diffèrent d'un salarié à l'autre, peuvent avoir une résonance dans le travail, une baisse d'implication, de productivité, un désengagement, donc c'est aussi la question de l'entreprise, un sujet important pour l'entreprise.
Question Magali
Et on en arrive au rôle de l'infirmière référente.
Intervention Flora
Tout à fait ! Depuis juillet 2024, une des deux infirmières du service de santé au travail a été nommée référente en santé mentale à la demande notamment de la direction, eu égard à la grande cause nationale.
Elle est formée aux premiers secours en santé mentale. C'est une formation qui a été proposée en interne. Qui a qui a connu un fort succès et qui sera reconduite et élargie en 2025, et notamment à destination prioritairement des managers. Les infirmiers du service de santé au travail, globalement, accueillent les salariés à leur demande, conduisent des entretiens d'aide, ont un rôle de signalement auprès des médecins du travail.
Ils les rencontrent également lors des embauches. Ils peuvent repérer des risques et notamment celui de la souffrance psychique. Ils sont en capacité de conseiller mais également de réorienter en fonction de l'urgence de la situation.
Question Magali
Pour compléter. Parlez-nous de cette mission handicap.
Intervention Flora
Effectivement, c'est la spécialité dont une spécificité de la CARSAT Rhône-Alpes, qui est composée cette équipe de quatre personnes : donc le psychologue en entreprise et l'assistante sociale du personnel, je ne reviendrai pas sur leur rôle que j'ai déjà explicité, mais on a également du coup une chargée de mission handicap qui s'occupe de tous les aménagements de poste de travail pour les personnes en situation de handicap. Elle a un rôle très important au sein de cette équipe puisqu'elle met en œuvre les préconisations du médecin du travail, coordonne les interventions des prestataires externes et des services internes à l'organisme.
Question Magali
Et alors, cette chargée de communication, quel est son rôle ?
Intervention Flora
Notre chargée de communication, elle nous aide à élaborer une stratégie de communication, notamment au regard des axes prioritaires qui sont définis chaque année. Elle permet de nous orienter vers un plan d'action. Elle veille à sa mise en œuvre. Par exemple une campagne image handicap 100 %, CARSAT Rhône-Alpes, intitulée « Le handicap un atout », a mis en lumière les témoignages inspirants de nos collègues qui bénéficiaient de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé.
Et son regard et ses compétences sont précieux car elle nous apporte conseils pour une communication efficace et elle mobilise en interne les moyens nécessaires pour mettre en œuvre le plan de communication. Donc vidéos, supports divers, interviews, diffusion sur les réseaux sociaux, etc.
Transition pour intervention Stéphanie
Merci beaucoup Flora Delobel. En dehors des équipes compétentes, si on réfléchit bien, on peut tous être acteurs d'une meilleure santé mentale autour de nous.
Stéphanie Puzin, vous êtes responsable RH et référente handicap de la CAF de l'Allier et vous allez nous parler de la formation PSSM, Premiers secours en santé mentale. Qu'est-ce c’est ?
Intervention Stéphanie
Les entreprises connaissent de plus en plus l'importance de former les salariés aux premiers secours en santé mentale. Ainsi, cette formation a vraiment pour objet de former des acteurs non professionnels de santé, capables d'apporter un soutien initial à une personne développant ou souffrant d'un trouble ou d'une maladie psychique, comme c'est le cas depuis longtemps avec la formation SST pour les soins d'urgence physique.
Ainsi engagée dans une démarche de prévention et d'amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail des salariés, depuis l'accord national de 2012, la branche famille a souhaité renforcer, dans le cadre de son plan national QVCT 2023 2027, la prise en compte de cette dimension par des actions touchant différents domaines de la prévention en santé mentale.
Question Magali
Et alors, comment est venue l'idée de mettre cette formation en place à la CAF de l'Allier ?
Intervention Stéphanie
L'idée est venue en 2023 de former, dans un premier temps, les agents du service Ressources humaines, qui le souhaitaient bien évidemment, à cette formation PSSM. Le service est amené à recevoir des salariés en souffrance, que ce soit d'un point de vue professionnel ou personnel.
Ainsi, conscient de l'importance de fournir un soutien adéquat, il était nécessaire pour nous de nous former sur le sujet et ainsi avoir les comportements appropriés.
En 2024, l'initiative a été officiellement validée et étendue à d'autres services et la formation PSSM a été dispensée non seulement aux services RH, mais également aux travailleurs sociaux ainsi qu'aux membres du CHSCT et aux agents de direction qui étaient donc tous volontaires.
C'est ainsi que nous avons pu former dix salariés cette année. Pour assurer donc la qualité de cette formation, la CAF de l'Allier a fait appel à une formatrice certifiée PSSM France, qui est également notre référente Santé et Diversité sur l'ensemble du réseau des CAF, a apporter son expertise pour nous former à reconnaître les signes de détresse mentale et intervenir de manière appropriée.
Question Magali
Être secouriste en santé mentale, ça veut dire quoi ?
Intervention Stéphanie
Repérer en fait, les signaux faibles pour faciliter l'orientation et l'accompagnement des salariés en situation de souffrance. Les secouristes sont ainsi capables de mieux repérer les troubles en santé mentale, d'adopter un comportement adapté, d'informer sur les ressources disponibles, d'encourager à aller vers les professionnels adéquats et, en cas de crise, d'agir pour relayer au service le plus approprié, le plus adapté.
Un secouriste en santé mentale devra souvent intervenir à plusieurs reprises pour écouter, rassurer et accompagner la personne concernée vers le soin. PSSM est une formation avec délivrance d'un certificat de secouriste. Il ne s'agit donc pas d'une sensibilisation ou d'une initiation aux notions de santé mentale ou de risques psychosociaux. Elle a vraiment vocation à former des secouristes appelés à intervenir en cas de nécessité auprès de collègues en difficulté.
Question Magali
Il y a vraiment un diplôme ?
Intervention Stéphanie
Oui, il y a vraiment un diplôme, une certification, tout à fait.
Question Magali
Et alors, les résultats attendus de cette formation, que ce soit pour ceux qui la prodiguent ou celui qui la reçoivent, dites-nous.
Intervention Stéphanie
Alors pour la personne qui est en souffrance, c'est effectivement d'essayer d'apporter un soutien rapide et adapté, puisque le secouriste peut apporter donc une première aide précieuse en attendant l'intervention d'un professionnel de santé. Une meilleure compréhension également de la situation, puisque le secouriste peut aider la personne à identifier des signes de son trouble et à trouver les ressources. Et enfin, aussi une réduction de la stigmatisation.
L'intervention d'un secouriste formé montre que la personne n'est pas seule et qu'ils existent également des solutions.
Question Magali
Et alors ? Pour le secouriste ?
Intervention Stéphanie
C'est un moyen de développer ses compétences, puisque la formation PSSM permet d'acquérir des connaissances et des compétences concrètes pour agir face aux troubles mentaux. Ça permet de gagner en confiance. Se sentir capable d'aider une personne en souffrance est une source de satisfaction et de valorisation personnelle. Et enfin, ça contribue aussi à la solidarité puisque, en devenant secouriste, on participe activement à la lutte contre la stigmatisation des troubles mentaux, notamment dans le cadre du travail et à la promotion du bien être mental pour tous.
Transition pour intervention Vincent
Merci beaucoup Stéphanie Puzin et j'accueille Vincent Charazac qui travaille à l'URSSAF Rhône-Alpes. Déjà, s'il vous plaît parlez-nous du rôle de l'URSSAF.
Intervention Vincent
Oui, bien sûr, Avec plaisir. Alors. l'URSSAF, c'est une branche de la Sécurité sociale, c'est la branche qui finance les branches prestataires, donc l'URSSAF recouvre, l'URSSAF redistribue et de temps en temps, malheureusement, l'URSSAF contrôle. Alors on a un organisme de 1800 personnes.
Par définition, on a des services RH qui sont organisés en plusieurs départements, à l'appui de ses 1800 salariés et parmi eux un département santé, qualité, conditions de travail qui vise justement à se préoccuper notamment de la santé mentale au travail.
Question Magali
Et donc l'URSSAF propose des prises en charge particulières et adaptées à chacune des souffrances des salariés de type post-traumatique, donc prise en charge par des psychologues entreprises, en faveur de groupes de personnes ayant vécu par exemple le même événement traumatique. Je donne un exemple le décès brutal d'un collègue. Comment ça se déroule concrètement ?
Intervention Vincent
Alors effectivement, les groupes de prise en charge post-traumatique sont des dispositifs cliniques qui sont souvent animés par un médecin et un psychologue clinicien qui vise à dégager l'être humain, qui a subi donc un psycho trauma de toutes les lésions psychiques qui pourraient s'ensuivre.
Alors très concrètement, à l'URSSAF Rhône-Alpes, nous suivons le modèle inspiré de Louis Crocq, c'est à dire d'abord une phase de defusing, qui vise à décoller le sujet de la lésion psychique du vécu proprement traumatique, pour éviter que les affects d'angoisse prospèrent trop longtemps. Ça se met en place dans les 24 premières heures. Ensuite, une étape de débriefing, où là on va essayer de restaurer de la cohésion et de la pensée groupale.
L'enjeu est complètement différent. Le rôle des animateurs est plus prépondérant. Et enfin, dans un troisième temps, si c'est nécessaire, à peu près à une semaine ou deux, on peut mettre en place un groupe de parole.
Question Magali
Et alors quel bénéfice pour les salariés et plus globalement pour l'institution ?
Intervention Vincent
Le bénéfice pour les sujets est évidemment d'éviter la chronicisation des lésions psychiques et surtout le repérage précoce, puisque, comme les études psychiatriques l'ont démontré, les lésions post traumatique peuvent se révéler à distance de l'événement. C'est à dire qu'un sujet qui aurait vécu une situation traumatisante peut ne décompenser aucun signe médico psychologique dans les premières heures, dans les premiers jours, dans les premières semaines, mais ensuite révéler une lésion psychique forte à distance de l'événement.
Donc, il y a un premier enjeu qui est strictement clinique, c'est de repérer et de pouvoir traiter précocement et puis ensuite, évidemment, il faut se rappeler que dans le contexte de l'entreprise on va peut-être proposer un premier soin psychique à des êtres humains qui, en temps normal, n'en auraient pas rencontré puisque, comme ça a été très bien dit par mes collègues, la santé mentale est un enjeu prépondérant dans notre société, par conséquent, un employeur a aussi une obligation de s'assurer que tout être humain peut bénéficier d'un accompagnement en termes de bénéfice mental.
Et enfin, il y a un dernier enjeu, c'est évidemment d'aller vérifier s'il n'y a pas de contagion de l'affect traumatique dans d'autres services que celui qui a été directement concerné par l'événement traumatique.
Question Magali
Et alors également à l'URSSAF Rhône-Alpes, les nouveaux managers bénéficient de deux journées de formation en prévention de la souffrance au travail. En quoi elles consistent ces deux journées ?
Intervention Vincent
Oui, Magali alors, dans notre institution, nous partons du principe qu'effectivement la santé participe à toutes les fonctions professionnelles de l'être humain, au même titre que sa performance strictement productive. Et pour paraphraser ce que disait Georges Canguilhem le médecin, en travaillant tout être porte des responsabilités, produit et crée du lien.
Donc on part du principe qu'on a intérêt à accompagner les cadres dirigeants et les managers à se préoccuper de la santé mentale au travail, en particulier des risques de souffrance au travail et à l'activité, parce que, par capillarité, ça va bénéficier à nos salariés.
Alors, très concrètement, ça passe par deux jours de formation qui sont obligatoires dans le parcours de prise de fonction du manager. Moi, j'ai repéré trois bénéfices directs à ces formations. D'abord en formant les décideurs et en formant les managers, on les outille à du repérage précoce. Donc on va leur permettre d'être des promoteurs de la santé mentale au travail et puis d'aller vérifier assez rapidement si, au contraire de la souffrance au travail dans les collectifs. Ensuite, on aide aussi le manager dans son propre rapport au travail.
Manager, c'est un métier presqu'impossible tellement il y a d'injonction paradoxale, du coup, on peut considérer que l'employeur a quand même une obligation d'aller spécifiquement accompagner ces femmes et ces hommes dans ce métier très difficile. Donc dans ces formations, le manager, sans en parler, provoque un petit peu une réflexion sur quelque chose que d'habitude il n'a pas le temps d'aborder son rapport au travail et puis surtout, il rencontre d'autres collègues. Il y a un mélange de ressenti, un mélange de perceptions et donc un étayage collectif. Troisième bénéfice, puisque ces formations sont animées par un psychologue, ça permet à ce professionnel d'aller éventuellement repérer des situations de difficultés vécues par ses managers et de leur proposer tout un arsenal de dispositifs qui créent du bienêtre au travail. Je pense au coaching, je pense aux suivis RPS, dont ma collègue de la CARSAT t'a parlé et au codéveloppement managérial.
Clôture de Magali
Merci beaucoup Vincent Charazac pour vos lumières et c'est avec vous que l'on termine cet épisode de la région Auvergne Rhône-Alpes.
C'est la fin d’ondes solidaires, le podcast de la Sécurité sociale. Merci d'avoir écouté les acteurs de terrain engagés en faveur de l'inclusion et rendez-vous dans une autre région au prochain épisode.