Régler le problème climatique en intégrant les ODD
Quelques semaines avant le lancement de la Semaine européenne du développement durable, qui marque le 6ème anniversaire de l’Agenda 2030, nous avons eu la chance de rencontrer Thomas Lesueur, Commissaire général au Développement durable au sein du ministère de la Transition écologique. Mr Lesueur partage avec nous l’état d’avancement de l’Agenda 2030 en France et dresse un tour d’horizon de l’actualité.
1/ Vous êtes Commissaire général au Développement durable au sein du ministère de la Transition écologique. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste concrètement votre mission ?
Thomas LESUEUR : Le Commissariat général au Développement durable (CGDD) est une structure d’administration centrale qui est bien plus jeune que la Sécurité sociale puisqu’il a été créé en 2008 au moment de la création du grand ministère de l’environnement. C’est à ce moment-là qu’il a été décidé de regrouper sous une même autorité politique, à la fois, les questions d’environnement et les questions de transport, d’énergie, de logement et de prévention des risques. En regroupant les services d’études, en particulier de prospectives, d’analyse et de recherche, le CGDD a créé une direction un peu singulière parce qu’elle est à la fois transversale au sein du ministère et au sein de l’Etat, avec une portée interministérielle. C’est une direction qui est chargée de proposer une vision stratégique et de faire de l’animation de politique publique sur des thématiques moins connues du grand public. Avec sa délégation au développement durable, le CGDD porte notamment l’Agenda 2030 et le dispositif “Services publics écoresponsables” qui vise à promouvoir auprès de l’ensemble des acteurs publics des démarches de transformation et d’engagement.
2/Nous fêterons dans quelques jours le 6e anniversaire de l’Agenda 2030 qui est au cœur de la stratégie nationale de développement durable. Quel est l’état d’avancement de l’Agenda 2030 en France ?
En effet, en 2015, les Etats de l’organisation des Nations Unies se sont mis d’accord, à la fois, sur les Objectifs de développement durable et sur les Accords de Paris pour le climat.
Ces deux démarches ne doivent cependant pas être dissociées, l’une intègre l’autre : les objectifs liés au climat font partie des objectifs de développement durable ! Ainsi, chaque année, au moment de l’Assemblée générale des Nations Unies, un point est réalisé sur l’avancement de ces objectifs.
A l’occasion de ce 6e anniversaire, nous réaliserons un état des lieux de la situation de la France à l’entrée de la décennie de l’action, car comme son nom l’indique, l’Agenda 2030 vise à atteindre les ODD en 2030. Or, cela fait maintenant plus d’un an que nous vivons dans un contexte de crise absolument unique dans l’histoire moderne, il est important de se demander où nous en sommes et ce qu’il reste à accomplir.
Cet évènement sera aussi l’occasion de remettre en lumière cette feuille de route, adoptée et coconstruite avec les acteurs il y a deux ans, qui a peut-être perdu de la visibilité, notamment du fait de la crise sanitaire.
Cet anniversaire s’inscrit également dans le contexte de la sortie du rapport du GIEC et la perspective de la COP 26. Même si l’aspect climatique n’est qu’un enjeu, celui-ci est particulièrement structurant et doit avoir un effet d’entraînement sur l’ensemble des problématiques. Le problème climatique doit être réglé sans ignorer l’ensemble des enjeux portés par les ODD !
3/ Vous êtes également président du club développement durable des établissements et entreprises publics (DDEP), pouvez-vous nous dresser les perspectives de l’année 2022 ?
Le Club a été fondé en 2006 pour impulser le changement de comportement des organismes publics, en les accompagnant dans l’intégration des enjeux sociaux, environnementaux, sociétaux et économiques du développement durable selon une approche systémique.
Il s'agit d’une structure unique de coopération, de partenariat et d’échange entre organismes qui ont tous un lien avec le secteur public mais qui sont de natures et de statuts différents. Ces organismes ont pour objectifs de mutualiser leurs pratiques et d’échanger sur les enjeux du développement durable afin de l’intégrer dans leur fonctionnement et dans les politiques qu’ils portent.
L’adhésion des membres s’opère à travers la signature de la Charte développement durable des établissements et entreprises publics. Elle unit l’ensemble des organismes (environ 120 membres) avec une dynamique d’intégration très soutenue ces dernières années. Concernant le secteur de la Sécurité sociale, l’Ucanss et la CNAF ont été parmi les premiers membres du Club et très prochainement la CCMSA, la CNAV et l’Urssaf Caisse nationale les rejoindront.
Il est important que le Club, qui accueille toujours plus de nouveaux membres dans des secteurs d’activités très variés, se pose la question, non pas de sa finalité qui reste pertinente, mais bien de son organisation. L’objectif est d’aller encore plus loin que lors de ses quinze premières années d’existence. Pour cela, le Club élabore, en co-construction avec ses membres, une nouvelle feuille de route. Cette dernière permettra de renforcer à la fois les actions, les dynamiques et le degré d’accompagnement des membres par le Club notamment sur les sujets émergents (ex : numérique responsable) ou les sujets dont le cadre ou les attentes évoluent.
4/ L’édition 2021 de la Semaine Européenne du Développement Durable a pour fil rouge : « Agir au quotidien ». Pouvez-vous partager avec nous un ou deux écogestes que vous avez adopté dans votre vie de tous les jours ?
Adopter des écogestes dans sa vie quotidienne pour réduire son impact environnemental n’est pas quelque chose de nouveau. Déjà, en 1979, une campagne sur la « chasse aux gaspis » était lancée ! Economiser l’eau, réduire ses déchets et se poser des questions sur sa consommation fait partie intégrante de notre vie quotidienne. Aujourd’hui l’enjeu, c’est de renforcer l’intensité et le caractère systématique de ces actions.
« Est-ce que j’en ai vraiment besoin ? » est selon moi la question clé qui peut nous aider car elle s’applique à tout. Ce n’est pas directement un geste mais d’abord une réflexion personnelle qui permet de se traduire en écogestes au quotidien. Cela signifie d’accepter de vivre avec un ordinateur portable qui a onze ans et un téléphone de plus de cinq ans dont l’écran est un peu brisé mais qui fonctionne très bien !
Le RSO qu'est-ce que c'est ?
« Nous sommes tous des pays en voie de développement durable mais également des personnes et des organisations en voie de développement durable. Nous avons donc besoin de gagner en maturité et de fonctionner par étape. Les stratégies de développement durable ont souvent été construites en marge de la stratégie principale, ce qui démontre que le processus n’est pas encore complétement abouti. Le jour où il n’y aura plus qu’une seule et même stratégie, durable, un grand pas aura été franchi. La Responsabilité sociétale des organisations (RSO) est une étape, un enrichissement de la démarche de développement durable ».
Agenda 2030
Le 25 septembre 2015, les 193 États membres des Nations unies ont adopté le programme de développement durable à l’horizon 2030, intitulé Agenda 2030. Avec ses 17 objectifs de développement durable et 169 cibles, il dessine une feuille de route détaillée couvrant pratiquement toutes les questions de société.