La RSE au cœur du Régime agricole : le parcours inspirant d’Astrid McCarthy
Astrid McCarthy, référente nationale RSE de la CCMSA
En poste à la Caisse centrale de la MSA (CCMSA) en tant que référente nationale RSE depuis 2022, Astrid McCarthy a joué un rôle majeur dans la transition écologique au sein du Régime agricole de la Sécurité sociale. Après plus de 30 ans de carrière, elle partage avec nous son parcours et ses différentes expériences ainsi que son point de vue sur l'évolution de la RSE au sein de la MSA
Pouvez-vous présenter dans ses grandes lignes votre parcours et nous expliquer ce qui vous a conduite à la RSE/RSO ?
Arrivée à la CCMSA en 1994 pour réaliser un stage dans le cadre d’un troisième cycle en management des ressources humaines, j’y suis restée jusqu’à la fin de ma carrière. Je me suis totalement retrouvée dans les valeurs de solidarité, de responsabilité et de démocratie portées par la MSA. Cela m’a permis d’occuper des postes variés : qualité de service, ressources humaines (gestion des carrières et recrutement), action sanitaire et sociale pour favoriser l’insertion sur les territoires, développement de l’offre d’accueil petite enfance et, plus largement, des services destinés aux familles vivant en milieu rural.
Ayant toujours placé l’humain et la contribution au développement des territoires au cœur de mes préoccupations, il m’a semblé naturel de saisir l’opportunité d’un poste en RSE à la CCMSA. La dimension transversale de la RSE/RSO s’inscrivait comme le prolongement logique d’une expérience acquise dans différents domaines et en cohérence avec les engagements de la responsabilité sociétale. Mon souhait était d’apporter une contribution, même modeste, à la mobilisation de nos organismes de Sécurité sociale pour préserver l’environnement au bénéfice des générations futures, alors que s’annonçait la fin de mon parcours professionnel.
Quel était votre rôle au sein de la CCMSA et quels projets vous ont particulièrement marquée ?
Au sein de la CCMSA, pour des raisons historiques, la mission RSE et la mission handicap sont pilotées conjointement. Dans le cadre d’un binôme, j’ai impulsé des actions RSE et contribué à améliorer la qualité de l’accueil des collaborateurs en situation de handicap.
Durant les trois années passées sur la RSE/RSO, plusieurs projets m’ont particulièrement marquée. Parmi eux, la création d’une communauté RSE et d’une communauté dédiée au handicap, devenues de véritables espaces d’échanges et de partage en constante croissance.
L’animation de la Semaine européenne du développement durable 2023 a permis à près de 1 000 collaborateurs de calculer leur empreinte carbone. J’ai suivi avec satisfaction la progression du taux d’emploi des salariés en situation de handicap, passé de 8,2 % en 2022 à 8,9 % en 2024. Enfin, la Journée nationale RSE, organisée en présentiel le 14 octobre 2025, a constitué un temps fort de cette dynamique.
Comment avez-vous accompagné les organismes du réseau agricole dans la mise en œuvre concrète des engagements RSE ?
Nous avons mis en place plusieurs dispositifs pour soutenir les organismes du réseau MSA dans leurs démarches RSE. Tout d’abord, nous avons créé un SharePoint dédié à la RSE, qui centralise des ressources utiles pour faciliter la mise en œuvre des actions. Ensuite, nous animons une communauté RSE qui permet aux référents d’échanger, de partager leurs pratiques et de poser leurs questions.
Nous diffusons également quatre newsletters par an, dans lesquelles les organismes volontaires présentent leurs initiatives. Pour renforcer la dynamique, nous organisons des webinaires et des challenges à l’occasion d’événements tels que les SEDD, SEEPH, SERD ou l’Activ’ Challenge, en fournissant des kits de communication pour simplifier le déploiement local.
Par ailleurs, nous proposons des groupes de travail et des webinaires thématiques sur des sujets prioritaires identifiés par les référents RSE, afin de développer leur expertise et leur fournir des outils concrets (cartographie des parties prenantes, plan de mobilité, gestion des déchets, BEGES…).
Enfin, nous organisons des webinaires inspirants autour de thématiques comme l’initiative « 4 pour 1 000 », la lutte contre le gaspillage alimentaire, les circuits courts ou encore le numérique responsable.
En résumé, nous créons des opportunités pour apprendre, échanger et agir, afin que la RSE devienne une réalité au quotidien dans chaque organisme.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de la démarche RSE au sein de la MSA, et plus largement de la Sécurité sociale ?
Pour la MSA, sa double qualité d’organisme de protection sociale et d’organisme professionnel agricole impose une appropriation complète de la démarche RSE.
Initialement, les objectifs RSE concernaient principalement certains métiers supports. Aujourd’hui, l’ensemble de l’organisme s’approprie progressivement cette démarche. L’intégration de la RSE comme axe transversal dans la stratégie MSA 2030 illustre la place centrale qu’elle doit occuper au cœur de toutes nos pratiques. J’espère que le contexte actuel, bien que difficile, ne privera pas la RSE des moyens nécessaires dans la prochaine COG pour atteindre ses objectifs.
Je constate que les collaborations entre organismes de Sécurité sociale dans le domaine de la RSE se multiplient. Elles sont une source d’ouverture et d’enrichissement mutuel et j’ai pris beaucoup de plaisir à y contribuer, en pilotant notamment le 5e engagement « Développer notre implication dans les territoires », du référentiel RSO de la Sécurité sociale.
Enfin, sur le volet de l’achat responsable, la piste des marchés négociés à ce niveau mériterait d’être encore davantage développée, surtout dans un contexte de réduction des ressources humaines et économiques.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux futurs référents RSE ou aux jeunes professionnels qui souhaitent s’engager dans cette voie ?
J’aurais aimé m’impliquer plus tôt dans un poste RSE. Alors, mon conseil serait : « allez-y avec vos convictions, la certitude d’œuvrer pour le bien commun et de contribuer à l’attractivité de votre organisme ».
Certes, les enjeux politiques et les priorités économiques ne permettent pas toujours d’adopter les mesures les plus adaptées pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2030, et on peut regretter certaines contradictions… Mais ce n’est pas une raison pour rester inactif. Il faut faire preuve de persévérance pour que chacun, à son niveau, accompagne son organisme vers une responsabilité durable.
Pour conclure, je citerai Sénèque : « ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ».