L’alternance, un souffle nouveau pour l’organisme

Pour un jeune, l’apprentissage est l’occasion de se professionnaliser tout en poursuivant ses études ou sa formation. Mais pour un organisme, quels sont les avantages ? Une tutrice, un DRH et une Directrice témoignent.  

« Ce qu’apportent en priorité les apprentis, ce sont des regards nouveaux et une forme de brassage intergénérationnel », analyse Jean-Christophe Debande, directeur des ressources humaines de la Cpam de l’Essonne, dont l’organisme accueille 25 apprentis par an depuis de nombreuses années. « Quand nous les intégrons dans notre processus de travail, ils viennent souvent questionner ce qui nous paraît évident, cela permet de se rechallenger », précise-t-il. 

Un constat partagé par Céline Poussereau, responsable des relations sociales à la Carsat Alsace-Moselle et tutrice d’apprentis depuis sept ans. « Mes apprentis sont en fac de droit, elles ont apporté chacune à leur façon un souffle nouveau dans l’équipe, ainsi que des connaissances à jour. Nous avons pu leur confier des sujets importants, que nous n’avions pas le temps de traiter. En 2014, l’une nous a aidés à mettre en place le télétravail, une autre à instaurer le vote électronique et un autre à travailler sur le droit à la déconnexion… » 

Parfois, en plus d’une certaine « fraîcheur intellectuelle », de connaissances théoriques nouvelles, les apprentis apportent aussi des compétences très précieuses. « En informatique cette année, nous avons par exemple un apprenti qui développe des outils pour faciliter le travail de ses collègues informaticiens », témoigne Gaëlle Choquer-Marchand, directrice de la Caf de Seine-et-Marne. « Par leurs questions et leurs propositions, les apprentis sont des vecteurs d’amélioration dans nos outils ou nos process », poursuit-elle. 

L’alternance, un investissement gagnant-gagnant

Volontaires, les tuteurs (aussi appelés maîtres d’apprentissage) reçoivent une formation. « Chez nous, les tuteurs suivent une formation de 14 h pour apprendre comment transmettre des savoir-faire, car bien faire son travail ne signifie pas savoir l’expliquer ! », précise Jean-Christophe Debande de la Cpam de l’Essonne. C’est d’ailleurs cet aspect qui motive le plus les tuteurs « Pour être maitre d’apprentissage, il faut se rendre disponible, et cela demande parfois de faire un peu moins de télétravail, de faire plus de feedback, de les emmener en rendez-vous…. mais c’est très valorisant de voir un jeune progresser dans ses compétences professionnelles et réussir sa formation. En fait, plus vous vous investissez au début, plus ils gagnent en autonomie et deviennent des salariés à part entière », rapporte par Céline Poussereau, de la Carsat Alsace-Moselle. 

L’apprentissage est un vrai plus pour les jeunes en formation qui vivent une véritable expérience professionnelle et bénéficient au sein des organismes de Sécurité sociale de bonnes conditions de travail et d’un accompagnement sérieux, notamment pour leur soutenance. « Tout le monde est gagnant : l’organisme forme le jeune et le professionnalise, et l’alternant concourt aux activités de la caisse », complète Jean-Christophe Debande. 

Dans certains organismes, il est ensuite possible de les embaucher de façon plus pérenne, comme le confirme Gaëlle Choquer-Marchand, directrice de la Caf de Seine-et-Marne « c’est un vivier de recrutement très utile pour nos emplois en CDI ».

Comment recruter des apprentis ?

Envie de vous lancer ? Pour constituer un bon réseau, il est notamment conseillé de se mettre en lien avec des universités ou CFA locaux. « Nous avons un partenariat depuis sept ans avec la faculté de Strasbourg : ils nous proposent les meilleurs étudiants, et on me sollicite pour présenter mon métier, raconte Céline Poussereau avec enthousiasme, c’est intéressant pour l’image de l’organisme. » Certains vont même plus loin en développant leur propre réseau des apprentis, comme la Caf de Seine-et-Marne : « s’ils en sont d’accord, nos apprentis sont destinataires de documentations, de vidéos sur l’accès aux droits Caf pour les jeunes, et les partagent ensuite au sein de leur établissement scolaire respectif. Ils diffusent ainsi notre marque employeur et font connaître notre institution auprès de leurs camarades ! »

L’apprentissage, un engagement RSO

Recourir à l’alternance, c’est aussi défendre à son niveau les valeurs de la Sécurité sociale en aidant les jeunes à mettre un pied dans le monde du travail. À la Cpam de l’Essonne par exemple, tous les niveaux d’apprentissage sont représentés, du CAP au bac + 5. L’organisme embauche ainsi des apprentis peintre ou des alternants au service logistique. Comme le résume Jean-Christophe Debande : « notre mission est aussi d’accompagner l’insertion des jeunes dans le monde du travail, si des boîtes comme la Sécu ne le font pas, qui le fera ? »

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