Lorsque personne ne sait que tu es chlorophobe ( peur du vert) - Un handicap reconnu, c'est un quotidien plus détendu

Lorsque personne ne sait que tu es chlorophobe (peur du vert)

Un handicap reconnu, c'est un quotidien plus détendu.

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À l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) du 17 au 23 novembre 2025, la Mission Handicap vous accompagne pour mieux comprendre et lever les freins autour de la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH).

Lorsque des difficultés impactent le quotidien professionnel, il n’est pas toujours facile de reconnaître qu’il s’agit d’un « handicap ». Certains collaborateurs pensent que cela ne les concerne pas ou hésitent à engager une démarche. Pourtant, la RQTH n’est pas une étiquette stigmatisante : c’est avant tout une reconnaissance officielle et un appui concret pour adapter le cadre de travail à sa situation de santé et exercer son activité dans de meilleures conditions.

Lorsque personne ne sait que tu es chlorophobe.

Lorsqu’on a reconnu que c’était un handicap.

Un handicap reconnu c’est un quotidien plus détendu.

La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) est un dispositif administratif.

Elle permet d’adapter votre poste de travail et d’alléger certaines contraintes en toute confidentialité.
Renseignez-vous auprès de votre employeur, vous pourriez être concerné.e sans le savoir

Quand parle-t-on de handicap ?

« Constitue un handicap, toute limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant. »

(Article L.114 du Code de l’action sociale et des familles)

Pourquoi demander une RQTH ?

  • Faire reconnaître sa situation de santé.
  • Bénéficier d’un aménagement de poste si nécessaire.
  • Obtenir un accompagnement renforcé dans son parcours professionnel.
  • Travailler dans un cadre où ses besoins sont compris et pris en compte.
  • Et surtout… retrouver un quotidien plus serein au travail.

 

Pour en savoir + :

 

Et si on en finissait avec les idées reçues ?

De nombreux préjugés circulent encore autour de la RQTH. Pour les déconstruire avec humour, découvrez ces 5 vidéos pédagogiques.

La liste

L'étiquette

La voix off

Le patient

Le placard

Ils en parlent

Ecoutez le podcast sur la RQTH réalisé par des organismes de Sécurité sociale en Bretagne, avec témoignages et retours d’expérience.

Ondes solidaires

Le podcast de la Sécurité sociale

Introduction de Magali – la RQTH

Bienvenue dans ondes solidaires, le podcast de la Sécurité sociale qui donne la parole aux salariés en région pour une société plus inclusive. 

Ondes solidaire est en Bretagne, cette fois à Rennes en compagnie de l'URSSAF Bretagne, de la CPAM du Morbihan et de la CPAM d'Ille et Vilaine. 

Dans cet épisode, nous allons parler de la reconnaissance en qualité de travailleur handicapé pour essayer de comprendre la chance que représente cette reconnaissance dans l'accès et le maintien au travail des personnes en situation de handicap.
Population plus large que ce qu'on entend au premier abord, comprenant aussi les handicaps invisibles. Pour faire simple, un collaborateur qui ne se sent pas en possession de ses moyens à cause d'une pathologie peut y prétendre, gagner ainsi en confort de travail et surtout éviter que sa situation ne se dégrade, sachant que certains facteurs comme le stress et la montée numérique peuvent accentuer la vulnérabilité des personnes en situation de handicap.

A suivre, dans la deuxième partie de notre épisode on va plus loin et on se demande si en fin de carrière, cette reconnaissance pourrait également représenter un outil de lutte contre la désinsertion professionnelle. 

Mickael Moisan c'est vous qui lancez notre épisode. Vous êtes donc référent handicap local pour la CPAM Ile et Vilaine et référent régional handicap pour la Bretagne, qu'est-ce que ça veut dire ? 

Intervention Mickael et Mona

On peut d'abord déjà préciser que le rôle de référent handicap est défini par la loi. Une loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel qui prévoit la désignation d'un référent handicap, donc au sein de toutes les entreprises de plus de 250 salariés. Concrètement, c'est une personne identifiée au sein de l'organisme, une personne de confiance qui va informer, orienter, accompagner les collaborateurs en situation de handicap ou en cours de reconnaissance.

Le référent handicap organise aussi des actions d'information et de sensibilisation auprès des managers, du personnel. C'est un facilitateur. Il fait le lien entre les différents acteurs internes et externes. Et puis bien sûr, il pilote les actions et les projets dans le cadre de la politique handicap de son organisme. 

Question Magali

Mona Auffray bonjour, vous êtes responsable santé au travail, référente handicap à l’Urssaf Bretagne et référente territoriale pour la Bretagne. Et alors Mona la RQTH qu'est-ce c'est exactement. 

Réponse Mona 

La RQTH donc reconnaissance de qualité de travailleur handicapé, est une décision administrative qui est prise par la MDPH, Maison Départementale du handicap, donc une structure qui existe dans tous les départements et cette structure, en fait accorde cette reconnaissance à condition que la personne présente au moins une dégradation liée à sa santé, qu'elle soit physique, sensorielle, mentale ou psychique, et que cette dégradation diminue ses capacités à trouver un emploi ou garder son emploi.

Question Magali

Et alors, comment on fait pour l'obtenir ? De manière générale, dites-nous. 

Réponse Mona 

La personne donc s'adresse à la MDPH de son département, elle complète donc les formulaires qui sont en ligne, elle complète d'elle-même la partie administrative et elle fait compléter la partie médicale par son médecin, que ce soit le médecin traitant ou le spécialiste, et elle peut aussi demander l'appui du médecin du travail si elle a un emploi, qui peut aussi argumenter pour qu'elle obtienne sa reconnaissance plus vite.

Question Magali

On a la chance d'avoir aujourd'hui pour cet épisode beaucoup de témoignages qui vont illustrer ce que vous nous dites. Et d'abord, justement, avec vous, nous parvient l'histoire de Julie. Vous allez nous la partager. Julie, salariée bretonne qui, après avoir subi les traitements contre un cancer du sein, en est revenue diminuée avec des problèmes physiques, une difficulté de concentration et dans l'obligation de poser des arrêts répétés. Expliquez-nous, Mona, comment Julie a été sensibilisée dans un premier temps à la demande de RQTH. 

Réponse Mona 

Julie, donc, a été atteinte d'un cancer alors qu'elle était très jeune, à peine 35 ans. Elle a été arrêtée, évidemment, elle était gestionnaire de compte à l'URSSAF Bretagne, donc un emploi administratif et tout s'est passé pendant son arrêt de travail. Donc elle a été mise en contact, évidemment, avec des médecins et l'assistante sociale de l'hôpital et donc toutes ces personnes-là lui ont tout de suite parlé de la reconnaissance parce qu'on le sait peu, mais le cancer peut donner lieu à une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Donc elle a eu l'information par ce biais là et ensuite ça a été tout un cheminement pour elle, parce que ce n'est pas forcément évident à entendre, surtout le mot handicap et son entourage qui n’était peut-être pas très bien informé sur le sujet, il n'était pas très favorable, donc ne l'encourager pas à le faire. 

Il se trouve que Julie était en contact toujours avec son manager, pendant son arrêt de travail, et son manager qui voyait dans l'entreprise comment ça se passait, les aménagements de poste qu'on mettait en place, comment on s'occupait des personnes qui avaient des problèmes de santé, avec ou sans la reconnaissance d'ailleurs, c'est elle qui l'a encouragé à le faire en lui disant que quand elle pourrait revenir, parce qu'elle est quand même restée presque trois ans en arrêt, quand elle pourrait revenir, elle en aurait certainement besoin. 

Transition pour intervention Françoise

Françoise Queromes. Merci d'être avec nous aussi. Vous venez du Morbihan, vous avez 60 ans. Toute une première partie de vie professionnelle dans le commerce pendant laquelle vous avez travaillé en boutique avec tout ce que ça nécessite comme manutention, travail du corps, travail des mains à tel point que vous avez développé une rhizarthrose, c'est à dire une détérioration des mains qui vous a empêché de pouvoir continuer ce travail.

Et c'est là que vous vendez votre activité et que vous vous retrouvez dans une impasse professionnelle et financière. A ce moment-là, Françoise, quelle est la première personne à vous informer sur la reconnaissance en qualité de travailleur handicapé ? 

Réponse Françoise 

Je voyais régulièrement mon médecin puisque j'avais des douleurs aux mains et donc c'est le médecin, à qui j'ai expliqué ma situation professionnelle, et il m'a conseillé de monter un dossier maladies professionnelles et également un dossier pour demander la RQTH. 

Question Magali

Et vous êtes partante tout de suite Françoise pour vous décider. 

Réponse Françoise 

Oui, oui, parce que pour moi, le handicap ne représente pas une connotation négative on va dire, et donc moi au contraire, je voyais ça comme une aide et donc oui, je ne voyais pas du tout de souci à suivre le processus.

Question Magali

Pas d'hésitation. Et vous avez dit, je vous cite « la RQTH ouvre la porte du monde professionnel et de l'emploi adapté immédiatement ». Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment ça se passe votre démarche ? 

Réponse Françoise 

J'ai fait la demande de RQTH début 2020, mais en fait le processus est assez long et donc ça a mis en gros un an avant que j'obtienne l'acceptation de la RQTH.

Mon dossier a fait son chemin à la MDA, donc j'étais à cette époque, tant que je n'avais pas reçu la reconnaissance qualité travailleur handicapé, j'ai été suivi par Pôle emploi qui essayait de me trouver des missions qui ne convenaient en fait pas trop à mon futur handicap reconnu. 

Question Magali

Vous venez de parler de MDA, c'est quoi la différence avec la MDPH qui avait évoqué Mona Auffray juste avant ?

Réponse Françoise 

C'est le même établissement, sauf que dans le Morbihan donc on appelle la maison de l'autonomie, autrement c'est la maison départementale pour les personnes handicapées. Une fois que j'ai eu la RQTH en 2021, mon dossier a encore pris quelques mois avant d'être transmis à Cap Emploi.

Question Magali

Cap Emploi. Qu'est-ce que c'est ? 

Réponse Françoise 

Un peu la même chose que Pôle Emploi, sauf que c'est préservé entre guillemets aux personnes avec une RQTH, donc avec des personnes avec un handicap, et ils ont aussi des contacts dans un réseau d'entreprises et c'est ce dont j'ai bénéficié immédiatement. 

J'ai fait un CDD de six mois à la CPAM du Morbihan, donc tout s'est très bien passé. J'ai été avec une équipe et donc j'ai fait d'autres missions à l'URSSAF, à l'agence régionale de santé, et un jour, en mai 2023, j'ai été rappelé par la CPAM pour un poste en cdi et donc là j'ai passé l'entretien de candidature donc j'ai été prise et je travaille maintenant au Centre national des soins à l'étranger, qui est rattaché à la CPAM du Morbihan. 

C'est un travail qui me plaît beaucoup sur les soins de personnes qui partent à l'étranger en tourisme, des étudiants. De par mon parcours professionnel, j'ai aussi vécu à l'étranger. Vraiment, c'est un travail qui me convient très, très, bien.

Question Magali

Et qui résonne particulièrement… 

J'allais vous demander comment vous vous sentez au centre de votre travail actuellement ? 

Réponse Françoise 

Très bien. Le matériel a été adapté, là, donc directement. Alors non seulement à la CPAM, mais aussi en télétravail, j'ai le même équipement. Là c'est l'infirmière qui s'est occupée de faire la demande auprès de l'Agefiph et j'ai pu bénéficier du même matériel, et voilà, je me plais beaucoup dans ce travail.

Transition pour intervention Sylvie

Merci beaucoup Françoise. 

Sylvie Madec vous travaillez à l'URSSAF Bretagne. Merci beaucoup d'être avec nous. Vous êtes manager et vous avez subi le diagnostic d'un cancer du sein à 55 ans en 2023, ainsi que les traitements attenants à cette maladie, c'est à dire chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, puis hormonothérapie. Et vous avez été en arrêt de travail pendant un an. C'est une infirmière que vous côtoyez, Sylvie, qui évoque le parcours de la carte mobilité inclusion.

Pour vous, cette carte est donc la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Ça a une connotation plutôt positive. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi ? 

Réponse Sylvie

Quand on m'a proposé ça, c'est une infirmière conseil m'a proposé, quand on rentre dans le cadre de la maladie, on ne se rend pas compte et elle vous propose ça et comme on sait qu'on va être fatigué, on a besoin à un moment donné de notre vie d'avoir ce soutien, c'est comme une béquille et je l'ai utilisé quelquefois et depuis ça va mieux. 

Question Magali

Donc vous, ce n'est pas quelque chose qui vous faisait peur ? C'est ça dans l'idée ?

Réponse Sylvie

Non, parce qu'au sein de mon entreprise, on fait très attention à ça, au handicap. Et j'ai des collaborateurs qui ont un handicap visible ou invisible et on fait très attention à leur accueil et à la façon dont ils peuvent travailler au niveau du bureau.
Donc du coup, j'ai aucun complexe par rapport à la carte inclusion. Je sais qu'il y a un bon accueil qui est réservé aux travailleurs handicapés.

Question Magali

Expliquez-nous, Sylvie Madec, dans quelle optique vous faites cette démarche d'obtenir justement cette RQTH et la carte mobilité inclusion ? 

Réponse Sylvie

J'habite assez loin de mon travail. Je suis à trois quarts d'heure de route en voiture. Le fait d'avoir la possibilité de modifier mes horaires de travail. 

Normalement, en tant que manager, nous avons le droit qu’à deux jours de télétravail et je vais demander d'avoir trois jours de télétravail afin de pouvoir continuer mon activité sereinement. Et quand je vais sur site, nous avons accès à un parking souterrain proche du travail. 

Question Magali

On dirait Sylvie que tout ça c'est des choses que vous avez mis en place un petit peu par anticipation, c'est ça ? C'est à dire que en cas de besoin ?

Réponse Sylvie

Oui, en cas de besoin, et je me suis aperçue au cours de mes soins qu'à un moment donné, la fatigue est là et pour pouvoir sereinement continuer mon activité, j'ai préféré faire ça.

Question Magali

Au moment où vous le faites, cette démarche est rassurante ?

Réponse Sylvie

Au moment où je fais cette démarche, c'est suite au conseil. Peut-être que je ne me rends pas trop compte de l'intérêt de la place de parking, mais au fur et à mesure, je constate que c'est très utile. 

Transition pour intervention Aurélie

Merci beaucoup Sylvie Madec. On vous retrouve en deuxième partie pour la suite de votre témoignage. 

Aurélie Bodet, vous êtes directrice adjointe à la CPAM d'Ille et Vilaine. Vous avez eu un cancer du sein consécutif à la radiothérapie que vous avez subi pour traiter de cancer précédent.

Vous subissez un handicap invisible, c'est à dire de la fatigue et des douleurs. Votre médecin conseil évoque une invalidité et ce terme est rude à encaisser pour vous, rude à vous approprier. Et puis, petit à petit, le chemin se fait dans votre tête et vous demandez la reconnaissance en qualité de travailleur handicapé, en préventif, même si vous ne l'utilisez pas aujourd'hui, vous vous dites que si vous avez des difficultés plus tard, vous pourrez l'activer et c'est rassurant.

Alors au moment de remplir ce questionnaire de demande de RQTH, avec l'aide de votre médecin traitant, Aurélie Bodet, est ce que vous vous sentiez une légitimité à effectuer cette démarche ? 

Réponse Aurélie

Je me sentais totalement légitime à la faire. La notion d'invalidité a été vraiment très difficile à recevoir pour moi. Je n’étais pas en capacité d'entendre cette notion d'invalidité, d'autant que je voulais reprendre le travail, a fortiori à temps complet.
Donc il n'était pas question en fait d'aller sur ça. Là, pour le coup, ça ne m'aurait pas correspondu. Alors, mon entourage m'avait plutôt déconseillé de faire cette reconnaissance de qualité de travailleur handicapé, parce que ça a toujours une connotation dans le monde du travail qui peut être difficile à porter, difficile à entendre. Mais moi, c'est quelque chose de vraiment très important.

J'ai été malade, ça me correspond, c'est ma vie, je suis faite avec ça. Et je trouve au contraire que c'est un signal important à envoyer à la fois auprès de son employeur, mais aussi des collaborateurs avec lesquels je travaille. J'ai été malade, ça fait partie de moi et cette RQTH fait partie de moi, ça me permet d'avoir un aménagement si jamais j'en avais besoin, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Mais c'est quelque chose, vraiment, qui a été important à porter. 

Question Magali

On sent à vous écouter que ça fait partie de votre parcours. Vous le dites, on sent que c'est complètement assumé que c'est même presque constructeur pour vous. Ça se rapproche pratiquement d'un acte militant, cette demande de RQTH, on a l'impression, comme un message à véhiculer. Expliquez-nous votre point de vue ? 

Réponse Aurélie

Oui, c'est tout à fait ça. C'est une forme d'acte militant. Je veux dire, beaucoup de personnes sont malades, on n'a pas choisi d'être malade. C'est des choses qu'on subit et en fait c'est aussi d'aller vers de la résilience quelque part en se disant j'ai subi ça, je me l'approprie et puis j'en fais quelque chose de positif parce que la maladie, c'est quelque chose de compliqué.

Quand on revient dans le monde du travail, on revient dans la vraie vie. Et donc après tout, moi j'ai le droit d'avoir une vie comme les autres en ayant un parcours qui est différent des autres, parfois un peu chaotique certes, avec des conséquences dans mon quotidien qui peuvent être pas simple à gérer, mais je pense que c'est un message que je veux vraiment véhiculer en disant ce n’est pas parce qu'on a été malade qu'on ne peut pas avoir une vie professionnelle bien remplie et comme les autres, en adaptant de temps en temps son poste de travail.

C'est vraiment un acte militant important pour moi et qui quelque part m'a aidé à construire, à revenir au travail. 

Question Magali

Et vous avez l'impression d'avoir un petit peu, une valeur un peu exemplaire ?

Réponse Aurélie

C'est un terme un peu fort, mais c'est au moins être porteuse d'un message en disant oui, la maladie, c'est quelque chose qui est dévastateur pour soi, pour son entourage, mais ça peut être aussi la possibilité de se reconstruire ou de se requestionner sur ce que l'on veut et le sens que l'on veut donner à son quotidien et à son travail.

Transition pour intervention Rodrigue – Prévention de la désinsertion professionnelle 

Merci beaucoup Aurélie Bodet. On vous retrouve tout de suite après, dans la deuxième partie de l'émission. 
On a maintenant une idée plus claire de ce moment de bascule que représente la RQTH qui nécessite prise de conscience, objectivité, lucidité et envie d'améliorer une situation qui devient compliquée au travail ou bien qui rassure au cas où elle deviendrait plus compliquée.

On comprend aisément que c'est souvent pendant la deuxième partie de la vie professionnelle qui adviennent davantage les pathologies et les problèmes de santé. Et c'est aussi un moment où les travailleurs ont peut-être plus de responsabilités au sein de leur activité professionnelle et donc plus d'hésitation à communiquer sur leur vulnérabilité. Est-ce que cette déclaration pourrait servir à prévenir les arrêts de travail et la désinsertion professionnelle ?

Rodrigue Lehoux, merci d'être à nos côtés aujourd'hui. Vous travaillez à l'URSSAF Bretagne, Quimper. Vous êtes non-voyant depuis votre naissance. Vous avez obtenu un BEP comptabilité et pratiquez une formation en télémarketing au métier de téléconseiller. En 1996, la demande RQTH est automatique pour vous et vous allez vous heurter à plusieurs expériences de rupture conventionnelle avec des entreprises qui n'ont pas les moyens d'adapter votre poste de travail.

Puis, en 2021, lors des Duo Days, ce dispositif national qui favorise un rendez-vous annuel entre une entreprise et une personne en situation de handicap sans emploi, vous rencontrez l'URSSAF Bretagne et quatre mois plus tard, vous êtes recontacté par Mona Auffray qu'on vient d'entendre ici, qui a déjà pris les dispositions pour adapter un poste à votre mesure. Vous obtenez un CDD puis vous obtenez un cdi.

Rodrigue, qu'est-ce que vous ressentez vous quand vous êtes embauché avec un poste adapté après ces années difficiles ? 

Réponse Rodrigue

Alors déjà une grande surprise. Je ne m'attendais pas au bout de quatre mois, après cette journée Duo Day, que l'URSSAF donc m'appelle, me contacte pour me dire qu'un poste allait être mis en place. Ça a été déjà une grande surprise.
Un grand bonheur également parce que c'est vrai qu'après trois ans d'inactivité professionnelle, moralement c'était dur, que ce soit pour moi ou également pour ma famille. Et c'est vrai que le fait d'avoir trouvé donc cet emploi au sein de l'URSSAF me rend fier déjà. Rend fier également, comme je le disais, mon épouse, ma famille, mes enfants surtout. Voilà, j'ai deux petits enfants qui sont très fiers de dire que papa travaille à l'URSSAF.

Question Magali

Merci de votre témoignage. Et est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que ça représente pour vous cette déclaration RQTH ?

Réponse Rodrigue

La reconnaissance de qualité de travailleur handicapé est une aide absolument importante. La demander déjà est très important et ça nous ouvre des portes vraiment au niveau des entreprises. Parce que justement, comme disait Mona Auffray, les entreprises suite à cela, ça leur ouvre des portes pour avoir soit des financements pour un poste de travail, d'avoir des interlocuteurs pour accompagner également la personne en situation de handicap.

Parce que c'est vrai qu’une personne en situation de handicap, un collaborateur en situation de handicap il faut savoir comment l'accompagner, il faut avoir les mots, il faut être bien conseillé et bien accompagné. Et je crois que la RQTH est vraiment très importante pour ça.

Question Magali

Et alors pour vous Rodrigue, ça a été le sésame pour trouver un emploi et aussi pour le garder ?

Réponse Rodrigue

Ah oui, tout à fait. Parce que grâce à la RQTH, l'URSSAF Bretagne a pu mettre en place un poste de travail. Donc ce poste de travail, le coût est élevé. Donc c'est une aide. Et c'est vrai que cette RQTH par rapport à l'évolution qu'on peut avoir dans notre handicap, permet justement, au fil du temps, d'améliorer notre poste de travail et de rester bien sûr au sein de l'entreprise, ce qui est très important pour vous.

Question Magali

Pour vous la RQTH Rodrigue c'est facile de l'utiliser ? Comment vous vous placez à ce niveau-là ? 

Réponse Rodrigue

Moi, je suis non-voyant depuis ma naissance, donc je vis avec mon handicap depuis bientôt 50 ans voilà vous savez mon âge maintenant, et donc pour moi ça a été facile. Mais c'est vrai qu'une personne qui d'un seul coup va voir sa santé se dégrader, donc avoir des difficultés dans le cadre professionnel, c'est vrai que de demander cette RQTH peut être difficile. Se dire voilà, mais non, je deviens handicapé. Le but n'est pas de se dire qu'on devient handicapé ou qu'on est en situation de handicap, c'est se dire que la RQTH est un sésame qui va ouvrir des portes au niveau des entreprises et qui va nous permettre donc d'avoir soit du matériel, soit des aides financières, soit des accompagnements auprès de l'entreprise où on travaille ou une future entreprise, et ce qui va nous permettre justement de garder notre poste de travail. 

Question Magali

Et par rapport à votre employeur, comment vous vous présentez ?

Réponse Rodrigue

Quand on arrive devant un employeur ? C'est vrai que le handicap de la non voyance honnêtement se voit tout de suite si je puis dire. L'employeur normalement sait qu'on a déjà une RQTH, ou qu'on est censé avoir une RQTH.

Mais moi ce qui est important quand je rencontre une entreprise, quand j'ai un entretien d'embauche, ce n'est pas mon handicap d'abord, c'est mes compétences d'abord. C'est moi, je suis Rodrigue, je suis telle personne, j'ai telle compétence. Et après, une fois que j'ai parlé de mes compétences, là on parle avec le recruteur ou le futur recruteur, donc de ce qui est possible de mettre en place dans le cadre de mon demande handicap. 

Transition pour intervention Françoise

Merci beaucoup Rodrigue. 

Françoise Queromes on vous a écouté en première partie. Qu'est ce qui se serait passé pour vous sans reconnaissance de qualité de travailleur handicapé ? Vous qui vous êtes retrouvés dans l'incapacité physique d'exercer votre précédent métier à l'âge de la cinquantaine et dans une impasse financière ? 

Réponse Françoise

Déjà, je voudrais dire aussi que je suis très reconnaissante à la CPAM et à la Sécurité sociale en général.

J'ai beaucoup travaillé dans le privé et avant j'ai travaillé dans le petit commerce et je me rends compte des efforts qui sont faits par cet organisme qui essaye de vraiment être précurseur et de développer des aides pour justement aider les gens en situation de handicap. Donc bravo ! Un grand bravo à cet organisme. 

Donc dans mon cas, je suis quelqu'un qui a toujours travaillé, qui a toujours beaucoup travaillé. Si je n'avais pas eu cette aide, je pense qu'à un moment donné j'aurais réessayé comme je l'avais fait par le passé, de créer mon propre emploi. Mais c'est très, très difficile, voilà. Donc arrivés à 60 ans, on n’a pas forcément la même énergie que quand on est plus jeune. Je ne me voyais pas en tout cas arrêter ma vie professionnelle, donc ça jouait forcément sur mon mental et le côté psychologique, y compris pour ma famille.

Question Magali

Votre santé mentale, ce que vous dites ? 

Réponse Françoise

Tout à fait.

Question Magali

Donc beaucoup de gratitude ?

Réponse Françoise

Ah oui, oui, énorme ! 

Question Magali

Merci Françoise.

Réponse Françoise

Merci

Transition pour intervention Sylvie

Sylvie Madec, on vous retrouve, vous avez 57 ans. Est-ce que votre projection professionnelle, vos envies professionnelles ont changé depuis la maladie ? 

Réponse Sylvie

ui, mes projections ont changé. Avant la maladie, je souhaitais changer de niveau, devenir un manager expert. Et au jour d'aujourd'hui, j'ai repris un mi-temps thérapeutique et après un autre temps partiel thérapeutique. Et du coup, je souhaite pouvoir amener ma mission à bien avec la maladie. 

Question Magali

C'est ce qui compte pour vous maintenant. C'est ça ?

Réponse Sylvie

C'est ça, oui. L'important c'est que je puisse continuer mon travail dans les meilleures conditions 

Question Magali

Et c'est ce que la RQTH promet selon vous ? 

Réponse Sylvie

La RQTH me permet de travailler dans les meilleures conditions en augmentant du télétravail si besoin et en adaptant mon poste de travail si j'ai besoin.

Question Magali

Si cette reconnaissance en qualité de travailleur handicapé n'existait pas dans votre entreprise, comment ça se passerait pour vous ? Vous avez une idée ? 

Réponse Sylvie

Pour moi, ça serait beaucoup plus stressant de travailler sans avoir un soutien de la RQTH. 

Question Magali

Merci beaucoup Sylvie Madec. 

Réponse Sylvie

Merci 

Transition pour intervention Aurélie

Aurélie Bodet de votre point de vue de manager. Quelles sont les retombées de ce qui vous est arrivé sur vos collaborateurs selon vous ?

Réponse Aurélie

Alors je suis non seulement manager, mais en plus je suis directrice adjointe en charge des ressources et donc je m'intéresse particulièrement aux ressources humaines. Donc forcément, mon parcours me permet de comprendre aussi ce que certains de nos collaborateurs vivent. On a beaucoup de collaborateurs qui sont atteints d'une maladie grave, qui maintenant sont très bien traités.

Et donc tout l'objectif, c'est qu'ils puissent revenir au travail dans de bonnes conditions. Donc quelque part, c'est une valeur à laquelle je tiens de pouvoir accueillir les personnes sur le lieu de travail, en tenant compte de ce qu'ils ont vécu de leur maladie et en aménageant leur poste de travail. C'est des personnes tout aussi compétentes que vous ou moi.

C'est juste qu'elles ont eu un accident de parcours de vie, d'une maladie grave et probablement c'est aussi d'en tirer le meilleur. Ce n'est pas que négatif, on ne revient pas qu'avec des choses difficiles d'un point de vue physique, mental, Il y a aussi du positif dans la maladie, donc ça me sert dans mon quotidien pour aussi accompagner ces personnes et avoir un regard bienveillant sur le fait qu'il faut leur tendre la main quand ils veulent revenir au travail.

Question Magali

Ne pas voire seulement justement leur fragilité. C'est un peu ce que vous dites ? On revient peut-être plus fort aussi.

Réponse Aurélie

On revient parfois affaibli physiquement, mais mentalement il y a des choses qui se sont construites, on avance alors, peut-être pas six mois après la fin de la maladie. Parfois il y en a qui sont métastasés, qui vivent avec un cancer par exemple, sur le long terme, mais ça donne une force et ça développe des compétences au-delà de la sphère professionnelle. Et ça, c'est un message que je souhaite véhiculer. 

On peut capitaliser aussi sur ces aspects là, tout en tenant compte des fragilités, y compris physiques, que la personne peut avoir, parce que les traitements sont lourds. La concentration n'est pas simple, parce qu'on est fatigué. Et faire comprendre aussi que ça ne se voit pas forcément.

Question Magali

Et donc aménager justement pour que ces difficultés physiques soient bien prises en compte, bien prises en charge, pour laisser la personne s'exprimer et faire son travail de la meilleure façon en fait ?

Réponse Aurélie

Oui, c'est tout à fait ça. Et c'est en cela où la reconnaissance de la qualité du travail handicapé, si je me place du côté employeur, elle a aussi cette vocation de permettre le dialogue à la fois avec les ressources humaines mais également avec le manager. Il y en a beaucoup qui ne veulent pas communiquer sur la RQTH côté manager, je le comprends complètement, mais moi je trouve qu'au contraire, c'est un outil qui nous permet d'avancer et d'accompagner la personne au plus tôt lorsqu'elle revient. 

Question Magali

Justement, vous dites au plus tôt, donc le plus tôt pour cette demande et le mieux ? Expliquez-nous, comment cela retarde la désinsertion professionnelle quand c'est pris justement le plus tôt possible ?

Réponse Aurélie

En fait, la RQTH, si elle est formulée pendant l'arrêt de travail pendant que la personne est en cours de traitement, ça permet déjà à la personne de cheminer et ça, c'est quand même pas rien, je vous l'ai expliqué pour mon cas tout à l'heure. Mais ça permet aussi en fait de continuer à vivre professionnellement tout en ayant des adaptations. Et plutôt on a connaissance de ces adaptations côté employeur, beh plutôt on peut les mettre en place, mieux c'est et plus on peut en discuter, y compris en amont avec le manager.

On a eu des personnes qui ont refusé, soit d'avoir une reconnaissance de qualité de travailleur handicapé, soit de nous en parler. Et en fait on était complètement fragilisé et proche de se séparer de la personne parce qu'on ne savait pas comment adapter son poste de travail. Or, si on a les informations suffisamment tôt, ça nous permet de discuter avec le médecin du travail avec le manager. Peut être également pour le manager de communiquer avec l'équipe. Ce n’est quand même pas simple. On a des personnes qui reviennent, qui n'ont pas la même concentration, qui n'ont pas la même capacité de travail, la même capacité cognitive. Il faut qu'on puisse faire passer ces messages-là aux équipes 

Question Magali

Pour le bien être finalement de tout le monde et pour garder les gens au sein de l'entreprise, tout simplement ?

Réponse Aurélie

L'objectif, c'est effectivement de maintenir les personnes dans l'emploi. Il y a des fois où on ne peut pas autrement parce que la personne a un affaiblissement physique, voire psychique tellement important qu'il faut qu'elle change son chapitre de vie. Mais il y a des pages qui peuvent ne pas se refermer. Il y a des pages professionnelles que l'on peut poursuivre.

Le maintien dans l'emploi, ça fait partie des valeurs de la Sécurité sociale. Si on ne peut pas les porter dans nos organismes, c'est quelque chose pour lequel je ne me retrouverais pas. Donc je suis à la fois concerné, mais je suis aussi manager, je suis aussi directrice adjointe des ressources, j'ai cette capacité là à dire on va trouver des solutions quand c'est possible pour vous maintenir dans l'emploi avec vos spécificités et vos compétences.

Question Magali

Merci beaucoup Aurélie Bodet d'avoir répondu à mes questions pour cet épisode consacré à la reconnaissance en qualité de travailleur handicapé. 

Réponse Aurélie

Merci à vous.

Clôture de Magali 

C'est la fin d’ondes solidaire, le podcast de la Sécurité sociale. Merci d'avoir écouté les acteurs de terrain engagés en faveur de l'inclusion et rendez-vous dans une autre région au prochain épisode.
 

Besoin d'en parler ? 

Contactez en toute confidentialité votre référent handicap

Il vous permettra notamment de bénéficier de l’offre Alex, un accompagnement des maladies chroniques au travail que vous soyez patient, collègue, manager ou aidant, avec notamment :

  • un blog,
  • une hotline gratuite (0 800 400 310, du lundi au vendredi de 9h à 17h),
  • 13 modules pratiques pour mieux connaître certaines maladies et situations de santé : TMS, endométriose, burn-out, addictions…

Le saviez-vous ?

Être reconnu travailleur handicapé (RQTH), c’est bénéficier de l’obligation d’emploi en faveur des travailleurs handicapés. 
Vous êtes aussi concerné si vous êtes :

  • Titulaire de l’AAH,
  • Victime d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle (incapacité ≥ 10 %),
  • Titulaire d’une pension d’invalidité,
  • Titulaire de pensions militaires d’invalidité ou de victimes de guerre,
  • Sapeur-pompier volontaire titulaire d’une allocation ou rente d’invalidité,
  • Titulaire d’une carte mobilité inclusion – mention invalidité.

 La liste complète est disponible sur le site du Ministère du Travail.
 

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